Cartel de Psychanalyse Préélectorale

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Oyez, oyez! Vous qui souhaitez que soit dite la bonne aventure, approchez et appréciez un numéro de jonglage parmi les plus spectaculaires de la saison! En échange d’un simple lapsus ou d’un qu’en dira-t-on, nos saltimbanques vous offrent la vérité profondément inconsciente de vos politiciens favoris!

A l’instar du grand Stephane Rotenberg qui osa démystifier quelques-uns des plus grands numéros d’illusionnisme pour se mettre à dos l’ensemble de la profession, je consens aujourd’hui à vous livrer certains trucages utilisés depuis plus d’un siècle par nos divanateurs. Que ceux-ci se rassurent, la révélation de ces subterfuges a déjà eu lieu et ne les empêche guère de prospérer, à l’instar de leurs cousins astrologues ou voyants.

Pour commencer, il est indispensable d’établir une théorie « générale » de l’éclosion du politicien. Celle-ci doit être suffisamment vague et malléable pour concerner une bonne moitié de la population, et surtout s’en référer au saint complexe d’Œdipe dont le pouvoir d’inversion lui fournira son invincibilité par extension à l’autre moitié du peuple. Enfin, ce précepte doit atteindre, après de multiples détours de diversion, une opinion très répandue et incontestable : les politiciens sont narcissiques et avides de pouvoir.

Jean-Pierre Friedman y parvient avec brio en formulant : « Une relation fusionnelle avec la mère, qui accroit le narcissisme naturel de l’enfant, et une relation conflictuelle avec le père, qui crée un important désir d’exister ». Dans sa forme franche, cette rivalité paternelle s’encastre parfaitement dans les biographies de Martine Aubry et Marine Le Pen dont les pères sont bien connus, mais aussi chez Ségolène Royal dont la réactance légitime une partie de son action politique. La « narcissisation » paternelle fonctionne également lorsque ce père n’apparait pas comme un rival, comme chez François Bayrou dont la relation fusionnelle avec son père agriculteur lui permet de développer son estime de soi jusqu’au complexe de supériorité (la rivalité est ailleurs). Lorsque le fameux père est absent ou inconsistant, il faut le trouver ailleurs, dans une forme symbolique ou personnifiée. Dans le cas de Dominique de Villepin, nous parlerons de rivalité généalogique diffuse compte tenu du prestige familial disséminé. La fusion maternelle est également vérifiée, que cette mère soit réelle, ailleurs ou symbolique : si Nicolas Sarkozy n’a toujours pas réussi à se détacher du sein, il s’agit de celui du peuple et donc, d’une fusion avec les français.

Une fois l’autorité psychanalytique ainsi installée, les théories plus spectaculaires et farfelues peuvent fleurir en toute sécurité, notamment car derrière cette façade sexualisée, il ne s’agit que d’enfoncer des portes ouvertes :

Nicolas Sarkozy est bloqué au stade oral du nourrisson, et n’en sortira qu’à condition que son futur enfant soit une fille. En voulant tuer sa mère (symboliquement évidemment) par amour pour son père, celle-ci apaisera enfin les attitudes de séduction de son père face à la population (ce que confirmeront peut-être un jour les sondages).

Au sujet de François Hollande, j’apprends que : « Être normal, c’est être un antihéros, un homme sans qualités spécifiques, mais du même coup un homme moyen proche des autres hommes moyens. Le président normal, c’est à la fois un président qui ne se ferait pas remarquer et le président qui resterait, malgré sa fonction, un citoyen comme les autres ». Merci à vous Clotilde Leguil pour ces considérations ravissantes sur un candidat bien discipliné dans sa névrose.

François Bayrou délire : « son désir de pouvoir l’aveugle tellement que le principe de réalité n’a plus aucune prise sur lui ». Cette assertion de Jean-Pierre Friedman aurait pu concerner n’importe lequel des politiciens du moment, mais il aurait été regrettable d’en priver ce bon souffre-douleur qu’est Bayrou.

La psychologie de comptoir culmine avec Martine Aubry. Selon Michel Schneider : « Elle donne plutôt l’impression d’avoir envie d’avoir envie, ce qui s’appelle en psychanalyse l’inhibition ». L’inénarrable Serge Hefez se demande quant à lui si cette femme qui « a toujours l’air en colère, ne l’est pas contre elle-même ». Se blesser à l’œil avec un crayon de maquillage est à considérer comme un véritable acte manqué, notamment de la part d’une femme qui « ne déploie jamais aucun effort de séduction »…

Jean-Pierre Friedman voit en Ségolène Royal « un homme dans un corps de femme » : « Physiquement, elle joue la féminité en portant des jupes et des chaussures à talon, mais psychiquement, elle est beaucoup plus virile que la plupart des hommes : autoritaire, cassante, brutale, combative. C’est une guerriere! ». Voici encore une considération que l’on aurait pu appliquer à n’importe quelle politicienne et qui laisse encore et toujours entrevoir la grande misogynie de la pensée freudienne.

Le même Jean-Pierre Friedman signale au sujet de Dominique de Villepin : « le narcissique est très sensible à la flatterie et donc facile à illusionner. Si on lui répète qu’il a toutes ses chances, puisqu’il est le plus intelligent des candidats, il peut se mettre à y croire alors même que la réalité lui prouve le contraire ».

Jean-Pierre Winter signale l’attitude sadique de Jean-Luc Mélenchon à l’égard des journalistes : « il affirme que les journalistes jouissent d’être des laquais et se présente, lui, comme leur maître ». La cause est pourtant évidente : « il retourne contre les autres sa grande violence intérieure ». Coincé, ou plutôt devrais-je dire constipé au stade anal, « on lui parle de sexe, il répond scatologie » : à la question d’un journaliste sur la prostitution, il répond qu’il s’agit d’un sujet de merde (effectivement, c’est évident).

Il y aurait tellement à dire, sur la mythomanie de Jean-Louis Borloo, sur les personnalités multiples d’Eva Joly, sur les clivages de Christine Boutin ou les caprices de Nicolas Dupont-Aignan. Je conseille à ceux qui veulent en savoir plus de vous procurer ce fabuleux divertissement disponible dans le numéro 741 de Marianne sorti le 02 juillet 2011 : Ces névrosés qui veulent nous gouverner.

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